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A la tienne Devos

A la tienne Devos

A la tienne Devos


Auguste - Pour fêter nos retrouvailles, buvons un coup !

Alors, il lève un verre imaginaire et lance un chaleureux :

A la tienne ! Devos.

C’est une bière qu’Auguste avale d’un trait, pour ceux qui n’ont pas vu la mousse. C’est à la mode la bière. Fini les p’tits canons de rouge !

Devos - Comment ça, à la tienne ?
Auguste - Mais bien sûr que oui… à la tienne !
Auguste repose son verre sur la table imaginaire en essuyant sa moustache blanche de mousse.
Devos – A la tienne ! A la tienne ! Tu me fais rire.
Mais à quelle tienne bois-tu donc ?
A ma barbe peut-être ? Et tu crois que je ne m’en apercevrais pas ?
A mes lèvres ? Un peu grivois tout de même ! Cela peut prêter à confusion.
A ma santé ? Attention, c’est très tendance la santé depuis que le bonheur est passé à l’as. En plus on peut être sain d’esprit, mais pas de corps et vice et versa. Avec l’esprit sain, le Saint Esprit veille! Mais le sain de corps, que diable, avec sa peur au ventre, c’est malsain. C’est là que le bât blesse.

Auguste- Cela demande réflexion que de boire à la tienne que j’aurais faite mienne. C’est drôlement osé ?
Devos- C’est un risque parmi tant d’autres que celui d’avaler de travers, d’attraper un PV, d’inhaler un microbe, ou encore de mourir ! C’est un choix. Cela peut arriver à tout le monde et à tout instant.
Pour ma part, je bois à la source de vie. Celle-là me rend riche de sens, et même jusqu’au bout de ma mort ! Alors ton à la tienne, si gentiment proposé, c’est trop restreint. Je te laisse la mienne et à ton gré, tu la fais tienne puis sienne ou leur.

Auguste hoche la tête, dévisageant un voisin imaginaire et ses acolytes qui rappliquent. Levant son verre à la ronde, il le boit puis chantonne

Auguste – Et tourne le manègeeeeee : La tienne devient mienne, puis sienne, puis ce sont les leurs… la tienne devient mienne, puis sienne, puis ce sont….

Devos- Ta ritournelle me donne le tournis, alors je préfère chanter en rêvant à la mienne : « Dis, quand reviendras-tu ? Dis, au moins le sais-tu ? »
Depuis que j’ai refusé de faire mienne, la tienne, pour qu’un autre la fasse sienne, je goûte au bonheur de l’instant qui est mien !
Même mon imaginaire me fait des siennes : Il m’enchante ! Il me nourrit d’arts, de chants, de poèmes que je partage dans la réalité, avec tous ceux qui lèvent leur verre à la vie !

Devos, tenant par la main la tienne et la sienne, part chercher deux verres ballon et une bouteille de rouge, qui quoique démodés, sont dans le placard de la réalité.
Ils lèvent leur verre vers un éclat de soleil qui filtre à travers les persiennes et s’exclament en Chœur …et à l’ancienne :

Trinquons à nos retrouvailles !

- Devos et Auguste : A la nôtre.

Sylvie Domenjoud le 30 mars 2022




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