La paramécie
La paramécie,
« Si tu ne sais pas où tu vas, regardes d’où tu viens » dit un Proverbe africain.
Et pour savoir d’où nous venons, donner un sens à sa vie : « expliquer des modèles de fabrication et de fonctionnements des Êtres *», les mythes, les contes, qui remontent à la nuit des temps, sont venus remplir cette fonction. Malheureusement beaucoup ont été édulcorés, ramenés à des histoires pour enfants ! D’où l’importance de l’art, de la poésie et pourquoi pas des métaphores de la science, pour ouvrir de nouvelles portes. A moins que la technologie : « égo de la science par laquelle nous nous laissons enfermer »** prenne le pas sur l’humain !
Qui va gagner la course ? Est-ce celui qui aura son attestation ?
Alors, je me retourne et que vois-je ? La paramécie. C’est quoi ce truc là ? Curieusement c’est la seule chose dont je me souvienne de mon année de « prépa Véto », pour les initiés, ou classe de préparation vétérinaire.
Cela valait le coup ces études, tout de même !
La paramécie est un être unicellulaire, pas très sexy, il faut le dire. Elle vit dans les eaux douces et même dans l’eau croupie d’un vase de fleurs. Regardez de très, très, très près et vous la verrez cette petite bête parmi ses millions de sœurs. Elles sont toutes de vraies jumelles. Quand tout baigne et c’est le cas de le dire, ces petites bêtes ont une reproduction asexuée. Elles se reproduisent par scissiparité : avec une on en fait deux !
Mais, lorsque les nutriments viennent à manquer, les voilà qui font appel
à l’autre sexe, à la différence, pour découvrir de nouvelles ressources pour vivre. Elles adoptent à bras ouverts la reproduction sexuée, en solitaire : Chaque paramécie possède un micronoyau et un macronoyau. Ces deux noyaux, porteurs chacun d’un matériel génétique différent vont se conjuguer à l’intérieur de la paramécie, pour créer du nouveau.
Soyez sans crainte, ce n’est pas la petite bête qui va manger la grosse. Quoique ? La petite bête est coriace. Elle ne date pas d’hier grâce à sa grande force de vie. Être unicellulaire, elle était la « prem’s» comme on disait à l’école, à être arrivée sur terre. En fait, elle n’était pas seule au monde puisque de sa classe il y avait aussi la méduse et l’algue -la très vieille- montrant aussi que la différence est essentielle pour vivre ! Ce sont elles qui « auraient » pour la première fois sorti la tête de l’eau, en changeant forme et nature bien sûr et tout cela grâce à la mixture de leur ADN. (A la relecture, je constate que tous ces trois Êtres sont du genre Féminin !)
La différence leur a sauvé la mise à plusieurs reprises, je n‘en doute pas.
Différences salutaires, mais avec toutes les inégalités « indispensables » que cela suppose. Il en est de même pour l’Être l’humain.
En consolation voici ce passage de la Bible*** : « Bien des premiers seront les derniers et bien des derniers seront les premiers »
Alors ? Je ne dirais tout de même pas que nous venons de la paramécie, quoique ? Allez donc savoir de qui est fait notre vie ? Le mystère de nos origines subsiste malgré le grain de sel des religieux, artistes, scientifiques. Cependant il me parait indispensable, car il donne du sens à la vie.
Mais pour en revenir à la différence, et même si l’art, la poésie, la philosophie, l’humain font grise mine dans l’in-différence, quel bond d’humour et de créativité nous apporte le coronavirus via les canaux et les ondes de choc !
Mais avec INTERNET tout est NET !
Avec la même technologie nous sommes tous dans le même bain ! All over the world ! Sur ce chemin on trouve, de plus en plus, partout la même malbouffe, les mêmes vêtements, les mêmes objets, les mêmes antidépresseurs, les mêmes calmants, les mêmes jeux vidéos, les mêmes zones commerciales, les mêmes vaccins, les mêmes supermarchés, les mêmes produits, les mêmes portables et…j’exagère à peine. Le travail en vidéo fait rage. A bas les masques. Mains en l’air. Distanciation assurée. Barrières à tout va : Le risque est banni et avec lui l’estime de soi, la confiance en soi, l’indifférence : pas de jaloux …
Faudra-t-il une attestation pour avoir droit de ressentir ses émotions : –vient de motion ou mouvement-, avoir droit à la douleur : - doux/leurres-, à la souffrance : - souffre/errance-, à la mort en cas de besoin.
Et pourquoi pas avoir le droit de vivre des passions**** qui mènent parfois à l’amour.
A-t-on le droit de choisir ? Il me semble qu’on obéit de plus en plus. L’uniforme est prêt. Tout le monde au garde à vous ! Orwell n’est pas loin.
Il reste encore du pain pour ceux qui ne meurent pas de faim, des loisirs en veux-tu, en voilà, des éparpilleurs, la santé et ses pièces détachées, les vaccins, le ventilateur et la gourde d’eau chez les nantis : TVB-RAS : Tous dans le même sac !
Le format des attestations est codé : A 4 = 21x29,7 cm.
La paramécie le retour !
Pour un temps encore : Ça baigne ! On devrait pouvoir se lancer dans la reproduction par scissiparité.
Sylvie Domenjoud le 9/12/2020
* Tobie Nathan
** Andreas Freund –physicien-
*** Evangile selon Matthieu : La Bible
**** Les Passions :
- Etty Hillsum : « Une vie bouleversée » et « Lettres de Westerbork »
- Christiane Singer : « Une Passion »
- Stefan Zweig : « Marcelline Desbordes-Valmore »