Lettre ouverte
« LETTRE OUVERTE »
Alphonse Daudet, un vieux de la vieille,
de sa littérature naturaliste,
nous enseigne toujours.
A vous qui ne rechignez pas,
aux horaires de marché,
devant un grataron,
reblochon de chèvre
de la meilleure façon.
Diable ! n’oubliez-vous pas,
dans vos plaisirs à satisfaire,
que vous troquez votre âme,
et nos carrés d’herbe tendre,
pour des milliards d’argent,
vaches grasses,
qui ne se mangeront bientôt plus
qu’en carré de béton,
au parfum de glyphosate,
en sucettes de granite, vitrines d’apparence de votre luxe,
venu de Chine ?
Et tandis que les vaches maigres meuglent
au parterre, pour en tirer quelques pauvres
graines au goût d’OGM,
et tandis que l’eau toujours plus riche en mercure
viendra couper votre vin de la vie
en tisane de mourant,
et perforer de mille trous votre Personnage,
hurlant à corps et à cris : des sous ! des sous,
pour calmer le vide du dessous
qui ne fait que croître aux sons de vos angoisses !
Et tout ça, pour ne pas avoir crié haut et fort :
- Halte à la barbarie de ceux qui se prennent pour Dieu le père
et des pères qui se prennent pour des mères.
Et tandis que vous êtes incapable de dire merci à la terre
de ses dons.
N’avez vous pas oublié cette part d’Être, cette part de vie que nous souffle
« Le sous préfet au champ » *:
Ivre de nature,
dans son petit bois de chênes verts
qui conspire à l’empêcher de rédiger son discours,
il en oublie ses chers administrés.
Dans sa sagesse, la muse des comices agricoles
n’a plus qu’à se voiler la face,
tandis que le sous préfet débraillé,
mâchonne des violettes
et fait des vers.
* Alphonse Daudet : Les lettres de mon Moulin
Sylvie Domenjoud : le 14 mai 2022.
adressé à Mr Morand maire de Sallanches et à Mr Roseren député du Mont blanc